Le buffet des couleurs de l’automne peut-il me sustenter
jusqu’à me faire oublier les jours de perpétuel beau temps qui meublait ma vie
sous un climat tempéré? (ref. Gougounesettalonshauts.blogspot.com)
La réponse est oui.
Je m’amuse à planquer sur la fenêtre de mon salon une photo de lagon bleu-turquoise avec le drink full chill en avant-plan. Un cliché et la vraie vie, juste là devant moi. Un tableau sur un tableau. L’érable dans la cour a fière allure avec, à ses pieds, un tapis jaune en
patchwork retroussé. Les images du Sud ont-elle le pouvoir de nous apaiser plus
que celle du Nord? Vérification faite: non. La cagnotte du bonheur n’augmente pas
avec l’indice U.V.
J’ai déjà pleuré ma vie sur une plage en Australie. Les
coraux, le banc de flippers sautillant à l’horizon, le sable doux comme de la
poudre de bébé, mon corps magnifique dans un bikini qui me donne l’air de
porter presque du C (hum!), une coupe de vin blanc glacé dans une main et un
appareil photo dans l’autre. Dois-je vous dire que je n’étais pas tout à fait
prête pour le selfie?
Dans un monde idéal, il fait toujours 25 degrés et le ciel
est sans nuage. J’ai vécu dans ce monde-là. Je découvre aujourd’hui que ce qui
me fait du bien, c’est la « dureté du mental » comme on dit dans Les
Boys. Avoir des défis, bosser à longueur de semaine, apprécier les minuscules
weekends, faire des corvées de lavage en famille, discuter en s’attaquant à une
montagne de vaisselles, méditer pendant un dimanche pluvieux, courir les
soldes, courir sous la pluie, courir tout court.
La dureté du mental, c’est aussi – et surtout! une notion
qui s’applique au couple. 22 ans de mariage en haute mer parfois houleuse. Je l’avoue,
j’ai pris la tasse à quelques reprises. On s’est déjà dit « je pars! »,
excédés de ne plus voir ni les couleurs de l’automne, ni le bleu du lagon. Loin
de moins l’idée de faire l’apologie des chicanes de couple! Je vous avoue
cependant qu’il y a eu récemment une tempête, une bonne, qui a définitivement chassé les nuages menaçants qui roulaient sans cesse au loin. Dans ma tête et dans mon
cœur, je repars pour un autre grand cycle avec mon Yves. Il a bâti pour moi
je-ne-sais-plus combien de maisons. J’ai compris qu’il fallait arrêter
de lui demander des fleurs. Mon amour
est un homme de paroles mais il ne compose pas de poèmes. J’ai un roc, pas une
bague à diamants.
J’ai dit ça il y a 22 ans dans la nef d’une église et je le
répète aujourd'hui avec la nuance qui s’impose :
Yves Champagne, je t’aime pour le meilleur et pour le pire.
Mais je choisis le meilleur. Le meilleur, c'est toi mon chéri.
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