Chantale Carignan

Chantale Carignan

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dimanche 31 août 2014

Un vélo en cadeau

Sur un merveilleux coup de tête, Chéri m’a offert un vélo de route.  Pas une bécane sur laquelle on roule le nez au vent….non non non, une monture à laquelle on s’accroche les semelles – click click!  et en avant toute!  Je retrouve la liberté de mes 6 ans lorsque je filais sur mon mustang bleu avec le siège banane.

Bien décidée à dompter ce nouveau sport, je cherche désormais des endroits où je peux foncer vers des paysages neufs. Dans mes rêves les plus fous, je songe aux prochains voyages où j’embarquerai une petite valise et une boîte dans laquelle se trouvera mon Cannondale, prête à investir les routes de campagnes en Europe.  Avant de mettre ce plan onéreux à exécution, je mouline entre deux beaux villages ou sur les artères cyclables des villes. 

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DANS MON SAC A DÉCOUVERTES

  • La randonnée classique de Montréal, le canal Lachine jusqu’à Pointe-Claire, c’était vraiment chouette.


  • Un 40 kilomètre entre Wapizagonke  et le Lac Edouard avec la langue qui traîne sur la ligne blanche à chaque montée.  Cette petite virée au cœur d’une route digne d’une carte postale m’a réconfortée.  Tant de beauté à une heure de chez-moi.


  • Une boucle bécancouroise, le parcours du Lac St-Paul.  J’ai retrouvé la quiétude du rang de mes amies jumelles, Lucie et Lucette.  J’avais alors 10 ans.  Ça m’a fait du bien d’y retourner. Je me suis rappelée mon imagination débridée alors que mes escapades chez les jumelles me donnait l’impression d’être dans un épisode de « Martine à la campagne ».


Et vous, vous roulez où pour faire fonctionner la turbine du bonheur?



L

dimanche 17 août 2014

La balade de char du dimanche



Comme prévu, rien au programme puisque c’est dimanche.  Je me lève avec les cheveux en trompette et je décide de plonger dans ma piscine pour mater mon hairdo et infuser mon corps endolori.  Le chat Pouf-Pouf promène sa peluche jaune avec lenteur, coulé dans sa fatigue matinale.  Lui va se coucher et moi je m’apprête à attaquer. Après ma baignade, je déjeune, je vaque et je slaque…et pour un deuxième café, je craque.
Moment parfait, le soleil décide de prendre un break des nuages et darde quelques rayons encourageants. La lumière m’interpelle et je décide d’aller faire un petit jogging peinard en écoutant des vieux hits pour accorder mes foulées sur des accords qui me rappelle mon jeune temps, jadis, lorsque j’avais les cheveux frisés comme un épagneul et que  j’étais mal dans ma peau, pourtant veloutée. C’était il y a plus de 30 ans.

Je boucle la boucle du footing matinal – une expression rapportée de mon année à Strasbourg, Footing, c’est chic! – et je me mets sur mon 36 pour un brunch en famille. J’en jette avec ma robe à 10 dollars du Village des Valeurs. Je sens mon égo qui pousse comme une auréole au dessus de ma tête!  

J’aime les dimanches lorsqu’ils sont…endimanchés. C’est le 60e anniversaire de mariage de tante Laurette et oncle Léopold.  60 ANS! Fuck! Ils ont l’air de tourtereaux, deux élégants oiseaux bien assortis.  Je les regarde, fascinée par la fraîcheur de leur longévité et je me rassure en me disant que je suis sur la bonne voie, en lice pour obtenir le prix Endurance avec mes 22 ans d’amour parfois grinçant avec Chéri.

Après trois cafés, une assiette de tout et de rien (c’est un vrai buffet!) et un bol de baies hallucinantes, je règle l’addition.  40 bâtons pour un brunch sans mimosa, c’est quand même étonnant.  Je repart direction home sweet home avec le sourire, contente d’avoir revu mes cousines tout en me demandant pourquoi on ne se fait pas des soupers de filles plus souvent.  Je réalise que je m’ennuie de mes cousines et de ma famille en général.  En partant, je serre un peu plus longuement tante Pauline dans mes bras puisque c’est celle qui, dans ma lignée maternelle, a eu le cancer du sein comme moi.  Ma tante et moi, on est sœur de sein.
 

En arrivant à la maison, ma plus jeune jongle avec la courte liste des items à apporter pour son camp d’équitation. Puuuuuuurée! Je dois aller la reconduire à Sainte-Croix de Lotbinière.  Mon œuf bénédictine est comme un poing dans mon estomac.  Je lui pousse deux ou trois fringues dans sa valise, des must dont elle ne pourra se passer pour la prochaine semaine, et je pars me blottir pour une micro-sieste sur un divan que j’ai sorti dehors.  J’en avais un de trop dans la maison et j’ai planqué cette chose en simili-cuir sous un abri de jardin. Je me suis félicitée d’une telle économie lorsque je suis tombée à moitié endormie sur cette hideuse pièce de mobilier acheté à la va-vite chez Brick.  Comme pour me convaincre que le bonheur existe, la pluie s’est mise à marteler le toit de tôle de l’abri.  Dieu existe les dimanches en fin d’après-midi.

Princesse des îles a bien fait le boulot : elle a planqué la moitié de son foutoir dans des lieux inusités de sa chambre. Le ménage est au poil et ses bagages sont prêts.  On prend la direction de l’autoroute 30, cap sur l’est.  C’est le bout d’autoroute le plus chiant du Québec.  Un embryon de highway à deux voies qui meurt au bout de 10 kilomètres et vous renvoie sur une route de campagne, la mythique 132. Comme par magie, la route devient un tableau de couleurs saturées sous la combinaison du soleil de fin de journée et du ciel menaçant sur la rive nord.  Une grange rouge sang de bœuf, un champ blond comme les cheveux du petit prince, des chevaux ébouriffant leur crinière comme dans une pub de shampoing, des kiosques de légumes avec une variété en prismacolor. 

« Wow, regarde là-bas!  T’as vu ça? Comment ça se fait qu’on ne vient jamais ici? » Je pointe d’un doigt et tiens le volant de l’autre.  Regarde ceci, apprécie cela…des ordres à ma fille et une façon de me pincer devant la beauté de ce paysage qui diffuse une grâce brûlante sous les rayons obliques et l'orage qui monte. Je me sens privilégiée d’être là au moment où le temps fait des caprices. Les arc-en-ciel nous surprennent à un point tel où je pousse un cri devant le spectacle flamboyant qui défile.  Je n’espérais pas tant d’une promenade en char le dimanche. 

Nous arrivons à Sainte-Croix et les nuages nous ont rattrapées. Princesse des îles prend possession de sa chambre.  Son visage s’illumine lorsqu’on lui dit qu’elle monte ce soir pour évaluer son niveau de compétence…Pour la deuxième fois, je vois un arc-en –ciel mais celui-là est dans son regard.

En revenant, les planètes s'alignent à nouveau. Je pianote pour trouver un poste à la radio. La musique s'impose d’elle-même. Les nuages prennent part à la partition avec grâce dans une interprétation dramatique.  Du bleu électrique fondant vers les gris sombres…Je me fais violence pour rester prudente au volant.  Happée par la beauté mouvante du ciel flottant au dessus de la 132, je roule avec un demi-sourire imprimé sur mes lèvres.

L’aller-retour TR/Sainte-Croix m’a fait prendre de bonnes résolutions : ne jamais oublier que la beauté est partout.  Partout. Attention de ne pas s’y perdre…





mercredi 13 août 2014

Les vacances ou l’art de vivre à 100 milles à l’heure!

Deux semaines de vacances, c’est si vite consommé.  Retour au minimalisme du Westfalia : un lit où on dort collé-collé, une casserole, deux assiettes ébréchées et un cocktail dans un bol.  J’exagère un peu…si peu. 


Je suis allée partout : j’ai réchauffé mon corps mort sur une plage de galets en Gaspésie, pédalé en ville le long du canal Lachine, ouvert les yeux en mode panoramique avec la bouche en Oh! devant les baleines aux Bergeronnes, fait du jardinage, mitonné quatre soupers et dansé au milieu d’une foule de festivaliers.  

J’ai claqué du fric dans mes friperies préférées. Je suis entrée en coup de vent dans les galeries d’art de la rue St-Jean-Baptiste à Baie St-Paul. C’est aussi là que j’ai siroté le café. Ne rien manquer.  J’ai adopté une vitesse : le pas de course. Bu trop de vin pour ensuite jogger le lendemain matin. J’ai croisé les jambes dans une posture zen pour la pause feu-feu-jolie-feu.   Ramé 20 kilomètre en kayak sur une rivière tellement claire que les poissons se sentaient tout nus. J’ai mis bout à bout un tête à tête au resto et des repas coude à coude en famille.



Alors pourquoi, dites-moi pourquoi, j’ai l’impression d’être à demi-rassasiée parce que Ogunquit ne cadrait pas dans mon agenda? 

Peut-on planquer tous ces désirs de liberté dans deux petites semaines? Il est malsain, le zèle des vacanciers...

Et pourtant…Il doit y avoir une formule magique pour tout ralentir et goûter plus intensément même si le temps glisse trop vite.

Comment?  En abolissant le mot « vacances » et son lot d’impératifs. 

Se réveiller lentement, grouiller ses orteils, faire trois grimaces la face dans un rayon de soleil et hop! se lever.  Quelle que soit la journée , lundi ou dimanche. Même si c’est corvée.  Apprendre, c’est les vacances. S’étonner devant le paysage au bout de sa rue, c’est aussi ça les vacances. Partager des petits bouts de tartine au beurre d’arachide avec le chien et le chat, n’est-ce pas le summum de la farniente?  Plier la pile de vêtements propres en écoutant de la musique, c’est glamour! La joie des vacances est éphémère.  Le bonheur de la vie est un sentiment qui dure longtemps. Les vacances sont en nous.


« J’ai soudain le sentiment étrange d’être en harmonie avec moi-même, tout est parfait en cet instant, la douceur de la lumière, ce petit parfum dans l’air, la rumeur tranquille de la ville.  J’inspire profondément car la vie me paraît alors si simple, qu’un élan d’amour me donne tout à coup envie d’aider l’humanité tout entière. »  Le fabuleux destin d’Amélie Poulain.


jeudi 7 août 2014

Chut! Écoute le silence!

Perdues dans nos pensées, mes filles et moi admirons le paysage romantique du vieux moulin de Pointe-du-Lac en se bourrant la face dans les fraises. Bien entendu, on sape comme des bûcherons et on étouffe un ou deux rots avec le peu d’élégance  qu’il nous reste. Tout ce bruit barbouille le tableau impressionniste devant lequel nous nous sustentons.

En vacances, rien ne vient à la cheville du silence. C’est un plaisir trop souvent boudé. Le grand paradigme, c’est que lorsqu’on la boucle, on se met à entendre le babillage incessant de la nature.  Un drap sur la corde qui claque au vent, une feuille qui renchérit avec un léger bruissement. Un chat qui miaule ; en tendant l’oreille, on entend presque à travers son  feulement : je déteste les croquettes, les croquettes, les croquettes. Un message subliminale pour ceux qui ont beaucoup d’imagination et une grande connection avec la nature.


Quel est votre bruit?  Entendez-vous les murmures?  Qu’est-ce qui vous chavire (autre que les premières portées de n’importe quelle nocture de Chopin?)

TOP 5 des plus beaux bruits du silence

  • Le premier coassement de la plus grosse grenouille de l’étang.  Celui qui donne le signal à toutes les autres.
  • Le crissement étouffé des pas dans la neige à moins 15
  • L’hypnotisant raffut à la mer
  • La pluie qui tombe sur le toît d’un Westfalia 1991
  • La baleine. N’importe quelle  baleine.  Un son en odoramat